Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
1 – Question de posture
Les objectifs d’Enquête sont très clairs : « évoquer les faits religieux et la laïcité sur un mode apaisé dans un contexte qui ne l’est pas, outiller les enfants de connaissances pour mieux comprendre le monde dans lequel il vivent », indique la fondatrice de l‘association, Marine Quenin. Pour ce faire, l’association s’ancre dans le champ des savoirs et des connaissances, ce qui implique un travail de la posture face aux élèves.
« Je rappelle trois préalables aux professeurs lors des formations : les faits religieux et la laïcité sont au programme, mener un travail sur ces sujets est tout à fait faisable, et en plus, ça marche, les enfants aiment beaucoup en parler ».
La démarche exige une certaine préparation en amont. « Il est toujours bon de prévenir les parents, de leur expliquer ce qu’on fait – revenir sur des connaissances – et ce qu’on ne fait pas – du témoignage par exemple. D’autre part, il faut bien poser une distance par rapport à l’objet d’étude pour pouvoir en parler, ce que permet notamment le jeu. La posture de l’enseignant est importante, il ne faudrait pas déléguer son expertise aux enfants, et ceux-ci peuvent tout à fait parler de ces sujets sous réserve de ne pas faire de prosélytisme. Le professeur s’inscrit dans le champ des savoirs pour les aborder. Il est aussi le plus à même d’éviter les essentialisations en parlant “du musulman” ou “du chrétien” alors qu’il existe dans les faits des courants très variés et donc des musulmans et des chrétiens ».
2 – Accepter de ne pas savoir
« On peut différer certaines réponses au lendemain, souligne Marine Quenin. On peut aussi expliquer d’emblée aux enfants que la réponse est compliquée, ou qu’il n’y a pas de réponse ».
La question de savoir si Dieu existe en est emblématique. Le jeu mis en place par l’association Enquête, L’Arbre à défis, contient par exemple une carte sur l’athéisme, une autre sur le polythéisme afin de faire saisir aux plus jeunes la diversité des croyances et des incroyances. Cette méthode permet de faire chercher aux enfants ces mots dans le dictionnaire et d’enrichir leur vocabulaire, tout en leur expliquant que chacun n’aura pas la même réponse à la question posée.
« On peut tout à fait expliquer la différence entre le croire et le savoir aux enfants. Leur faire comprendre qu’ils ont des convictions et qu’elles sont importantes pour eux mais qu’en revanche, elles ne sont pas démontrables », indique Marine Quenin.
Elle donne l’exemple de Jésus, utile pour « souligner qu’il existe des regards différents portés sur cette figure et donc aucune vérité définitive. Il s’agit d’un personnage historique pour les non-croyants, Jésus Christ est Dieu fait homme pour les chrétiens, il est un prophète pour les musulmans qui l’appellent Issa. Les regards sur un même personnage sont différents ». Une explication importante pour parler du calendrier aux plus jeunes, dont certains se demandent parfois qui est ce « JC » auquel on se réfère.
3 – Un sujet (parmi d’autres)
Les faits religieux et la laïcité ne doivent pas devenir « LE sujet », mais « un sujet dont on peut discuter pour comprendre les autres » pour Marine Quenin. « Il est impossible pour un enfant de comprendre spontanément pourquoi son voisin ne mange pas de porc à la cantine par exemple ». Ancrer l’approche dans sa dimension pratique permet aux élèves de mieux se comprendre. Elle peut aussi présenter une bonne opportunité de rappeler ce qu’ils ont en commun.
« Les enfants ne seront jamais d’accord sur leurs convictions – qu’elles soient religieuses ou pas -, mais ils peuvent l’être sur les cadres qui respectent les autres, les valeurs et les principes. Ce travail permet d’insister sur ce que la République apporte en terme de vivre-ensemble, sur les conditions sine qua non pour être ensemble tout en étant différents ».
D’autre part, Marine Quenin souligne que le sujet se prête bien à une approche transdisciplinaire.
Et de conclure : « Même si on refuse d’en parler, les enfants savent que les faits religieux existent, les questions de sens émergent à un moment ou à un autre. Leur réaction est très positive lorsqu’on aborde les faits religieux avec eux ». Des enseignants qui utilisent le jeu d’Enquête et des animateurs racontent leur expérience et les réactions des enfants sous forme de chroniques publiées sur le site de l’association. Certaines remarques d’élèves valent le détour. Florilège sur le site d’Enquête.