Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
Que deviennent-ils ?
Amnesty International dénonce une forte répression à l’égard des Tatars de Crimée, minorité musulmane turcophone dont la présence sur la péninsule ukrainienne remonte au XIIIe siècle. Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, la seule chaîne de télévision en langue tatare a été fermée par les autorités russes. Le leader historique de cette communauté, Renat Tchoubarov, ainsi que le député tatar au Parlement ukrainien, Moustafa Djemilev, sont interdits de territoire. En avril 2016, la procureure générale de la péninsule a suspendu les activités du Mejlis, l’assemblée représentative des Tatars depuis 1991, soupçonnée d’avoir participé à un blocus contre des camions en provenance d’Ukraine et d’avoir fait sauter des lignes haute tension, coupant l’approvisionnement en vivres et en électricité en Crimée. L’Assemblée tatare n’a plus le droit de se réunir, ses comptes en banque sont gelés, elle est bannie des médias locaux. Le Mejlis est qualifié d’ « organisation terroriste » selon Amnesty International, qui pointe aussi des disparitions et des arrestations arbitraires de membres influents de la communauté. Il n’est pas rare que des Tatars soient accusés de conduire des « activités extrémistes ».
En 2014, les autorités russes avaient pourtant répondu à certaines demandes de cette communauté musulmane comme la reconnaissance officielle de sa langue et la réhabilitation des déportés de 1944. Elles avaient aussi programmé une allocation spécifique pour améliorer leurs conditions de vie. Les Tatars, qui représentent entre 12 et 15% des deux millions d’habitants de la Crimée, se sont largement abstenus d’aller voter au referendum de rattachement de la péninsule à la Russie mi-mars 2014. Plus encore, ils ont officiellement demandé leur autonomie.
Les Tatars ont une histoire particulièrement compliquée avec la Russie. Peu avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, Lavrenti Beria, ministre de l’intérieur de Staline, recommande d’expulser tous les Tatars de Crimée, accusés d’avoir collaboré avec la Wehrmacht. Environ 200 000 Tatars, la quasi-totalité de cette population, sont déportés, en quelques jours seulement, en 1944. Près de la moitié des déplacés disparaissent ou meurent au cours du voyage qui les conduit en Ouzbékistan. Ils ne seront réhabilités qu’en 1967 mais ne pourront regagner la Crimée qu’en 1991, au moment de l’indépendance de l’Ukraine à laquelle la péninsule est désormais rattachée.
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