Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
1 – “Le délit de blasphème n’existe plus en Europe”
Les prévenus encourent jusqu’à six ans de prison et des amendes jusqu’à 25 000 euros. Si les condamnations restent rares, en 2014, un blogueur grec a écopé de 10 mois de prison avec sursis pour s’être moqué du moine Païsios, très populaire chez les chrétiens orthodoxes grecs, qu’il avait représenté avec un visage en forme de spaghettis. En 2010, l’Irlande a modifié sa constitution afin d’élargir l’interdiction du blasphème – qui ne concernait jusque-là que le catholicisme – à toutes les confessions.
A contrario, les Pays-Bas ont supprimé une loi anti-blasphème en 2013, mouvement suivi par la Norvège en mai 2015 puis par la France, où subsistait un délit de blasphème en Alsace-Moselle jusqu’en octobre 2016.
2 – “Seuls les pays musulmans l’appliquent”
Des pays aux traditions religieuses diverses répriment le blasphème : l’Irlande et l’Italie à majorité catholique, la Grèce où l’orthodoxie est toujours religion d’Etat, le Danemark qui abrite une majorité protestante, mais aussi l’Inde où vivent une majorité de croyants hindous. En Russie, en 2013, la Douma (l’Assemblée) a voté un durcissement des lois sur l’offense au sentiment religieux. Dans ce pays où une grande majorité d’habitants se considèrent comme chrétiens orthodoxes, une prière punk anti-Poutine des Pussy Riots sur l’autel de la cathédrale Christ-Sauveur de Moscou en 2012 avait suscité l’indignation d’une grande partie de la population. Les jeunes femmes ont été accusées et condamnées, pour deux d’entre elles, à deux ans de camp de travail. Suite à cet évènement, les parlementaires ont voté à 304 voix pour, 4 contre, une loi punissant de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 roubles les actions « commises avec l’intention de faire offense aux sentiments religieux des fidèles ». Ce texte prévoit des peines jusqu’à 5 ans de prison et 50 000 roubles supplémentaires si l’action a lieu dans un lieu de culte. En revanche, sur les 20 pays qui punissent l’apostasie – le fait de renoncer volontairement à sa religion –, Reporters sans frontières souligne que tous ont l’islam pour religion dominante. Des pays aux traditions religieuses diverses répriment le blasphème : l’Irlande et l’Italie à majorité catholique, la Grèce où l’orthodoxie est toujours religion d’Etat, le Danemark qui abrite une majorité protestante, mais aussi l’Inde où vivent une majorité de croyants hindous.
En Russie, en 2013, la Douma (l’Assemblée) a voté un durcissement des lois sur l’offense au sentiment religieux. Dans ce pays où une grande majorité d’habitants se considèrent comme chrétiens orthodoxes, une prière punk anti-Poutine des Pussy Riots sur l’autel de la cathédrale Christ-Sauveur de Moscou en 2012 avait suscité l’indignation d’une grande partie de la population. Les jeunes femmes ont été accusées et condamnées, pour deux d’entre elles, à deux ans de camp de travail. Suite à cet évènement, les parlementaires ont voté à 304 voix pour, 4 contre, une loi punissant de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 roubles les actions « commises avec l’intention de faire offense aux sentiments religieux des fidèles ». Ce texte prévoit des peines jusqu’à 5 ans de prison et 50 000 roubles supplémentaires si l’action a lieu dans un lieu de culte.
En revanche, sur les 20 pays qui punissent l’apostasie – le fait de renoncer volontairement à sa religion –, Reporters sans frontières souligne que tous ont l’islam pour religion dominante.
3 – “Et il est essentiellement utilisé contre les minorités chrétiennes”
Le cas d’Asia Bibi, au Pakistan, tendrait à confirmer cette idée. Cette chrétienne quadragénaire a été jugée pour blasphème en 2010 et condamnée à mort. Elle est accusée d’avoir souillé de l’eau destinée à des musulmanes. Il s’agit probablement d’un règlement de compte personnel, ce que dénoncent les opposants à la loi anti-blasphème.
Cependant, cette loi, en vigueur au Pakistan depuis 1986, vise aussi les ahmadis, une communauté musulmane. Les ahmadis se réclament du sunnisme. Mais leur communauté est fondée à la fin du XIXe siècle, en Inde, par Ahmed de Qadian, considéré comme un messie par les fidèles. Un amendement à la constitution pakistanaise de 1974 indique que les ahmadis ne sont plus considérés comme des musulmans. Aujourd’hui, environ 40% des procès pour blasphème concernent les ahmadis au Pakistan.
Cet exemple montre bien que les lois contre le blasphème visent plus généralement les minorités, qu’elles soient chrétiennes ou non.
Pour aller plus loin :
- Les religions et les caricatures, Les défis de la représentation, François Boespflug, Bayard, 2016.
- « Entre droit et religion : le blasphème, du péché de la langue au crime sans victime », Corinne Leveleux- Teixeira, Revue de l’histoire des religions, 2011.
- Rapport de Reporter sans frontières, 2013.
- Rapport du Pew Research Center sur les restrictions religieuses dans le monde (en anglais).
- Rapport de la Commission de Venise sur le blasphème en Europe (en anglais, 314 pages), 2008.
- Rapport du Sénat en législations comparées (Iran, Turquie, Italie, Portugal, France), 2016