Cas unique en Europe et pratiquement dans le monde, la France ne propose pas de cours sur les religions mais les enseigne à ses élèves de façon transdisciplinaire.
Benoît Falaize est inspecteur général de l’éducation nationale. Agrégé et docteur en histoire, il est spécialiste de l’enseignement de cette discipline, de l’éducation civique et de l’apprentissage de la citoyenneté. Il a formé de futurs enseignants, notamment à l’IUFM de Versailles puis à l’École supérieure du professorat et de l’éducation (Espé) de Cergy-Pontoise. Il a aussi été chargé de recherche à l’Institut national de recherche pédagogique jusqu’en 2010 et chargé d’études « laïcité/valeurs de la République » au ministère de l’Éducation nationale de janvier 2015 à avril 2017.
Comment transmettre les valeurs de la République aujourd’hui ?
Benoît Falaize : D’abord, il nécessaire de se mettre d’accord. Est-ce qu’on parle de valeurs ou de principes ? On peut passer des séances de formations entières à débattre de ce sujet. Il faut que l’institution et les enseignants soient au point sur ce dont il est question. Si on se place du côté des valeurs, on va davantage se référer à l’histoire de la République, à la manière dont la France s’est construite depuis la Révolution française, à l’histoire de tous les acquis sociaux et politiques depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours, comme la liberté de la presse, ou le droit de vote des femmes par exemple. On se réfère alors à la valeur que les gens accordent, encore aujourd’hui, à ces combats. Si on se place du côté des principes, on parlera plutôt des principes juridiques et constitutionnels inscrits dans les préambules de la IVe et de la Ve République, des principes fondamentaux qui définissent une démocratie pleine et entière. Dans un deuxième temps, on peut s’intéresser à la façon de transmettre ces valeurs aux élèves. Cela suppose trois choses : de la didactique, que ces valeurs soient conformes à la vie scolaire, mais aussi à la vie quotidienne des élèves.
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