Le calendrier inclusif : 25 idées reçues à questionner sur la laïcité, l’égalité femmes-hommes et le handicap !
Autant de questions posées lors du colloque « Les médias, la laïcité » qui s’est tenu le 24 janvier 2018 dernier à Sciences Po, à l’initiative du Centre de recherches politiques (Cevipof) de Sciences Po et de l’Observatoire de la laïcité. Verbatim.
Dialectique – La laïcité, un « sujet qui nécessite rigueur et analyse » a d’emblée déclaré Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, en ouverture du colloque. « Ce sujet demande aussi qu’on distingue le débat intellectuel et philosophique autour de la laïcité de son histoire et du droit en vigueur », a-t-il précisé, soulignant que « l’Observatoire de la laïcité ne défend pas une opinion sur la laïcité, il défend et promeut ce qu’elle est dans l’état actuel du droit et dans sa construction historique ».
Des liens historiques – L’historien Jean Baubérot a souligné le rôle joué dès l’origine par la presse : « Les médias ont été un élément déclencheur du processus de séparation des Églises et de l’État, promise depuis la fin du Second Empire. En 1904, L’Humanité a révélé que le pape avait envoyé une note tronquée au gouvernement français et une version plus complète aux autres gouvernements. Ce grain de sable enclenche le processus dont le président du conseil de l’époque, Émile Combes, ne voulait pas », a indiqué l’auteur du livre Les 7 laïcités françaises (Éditions de la Maison des sciences de l’homme 2015), professeur émérite et premier titulaire de la chaire de laïcité à l’École pratique des hautes études.
« En 1905, le terme laïcité est déjà dans les débats mais il n’est pas dans la loi. Et c’est sans doute justement parce qu’il y a des débats et plusieurs conceptions de la laïcité. Les législateurs voulaient créer un dispositif juridique qui ne soit pas prisonnier de ces conceptions de la laïcité », a-t-il analysé.
Adjectif ou pas ? – À plusieurs reprises, les intervenants se sont interrogés sur l’utilité d’accoler un adjectif à la laïcité (laïcité « ouverte », « stricte », etc.) Et Jean Baubérot de répondre :
« Dès le départ, il y a une dialectique entre la laïcité comme dispositif juridique et les laïcités sur lesquelles on est bien obligé, en tant que chercheur, de mettre un adjectif puisqu’il nous faut qualifier ces différentes conceptions. Un certain nombre de gens, de différents bords, ne veulent pas qu’on mette d’adjectif, parfois parce qu’ils veulent que leur conception de la laïcité soit LA laïcité. Mais si un chercheur ne peut pas qualifier et typologiser les différentes conceptions de la laïcité, il ne peut pas faire son travail ».
Comment s’en empare-t-on dans les médias ? – Pas toujours très bien, de l’aveu de chacun. Au total, 7 journalistes, dont 4 spécialisés sur ce sujet, ont témoigné de leur expérience. Ils décrivent pêle-mêle : « il s’agit d’un sujet émotionnel. Un mauvais titre peut déclencher des violences dans d’autres régions du monde » ; « ces sujets font beaucoup de clics » ; « les lecteurs réagissent vivement, surtout sur les réseaux sociaux, même lorsqu’on essaye d’être assez impartial » ; « c’est un sujet transversal qui touche à d’autres rubriques : international, société, économie, etc. mais il n’y a généralement qu’un seul rubricard spécialisé ».
Un sujet à la frontière de beaucoup d’autres – Religions et laïcité sont souvent traités ensemble, par le même journaliste, et ce système est pertinent pour Benoît Fauchet de l’AFP. Pour Sophie Gherardi, directrice de la publication de (feu)Fait-religieux.com et actuelle directrice du Cefrelco (Centre d’étude du fait religieux contemporain), on peut traiter de ces sujets de façon dépassionnée et juste dans un état d’esprit proche du serment d’Hippocrate : « D’abord ne pas nuire ». « La laïcité emporte plus qu’elle-même. C’est plus qu’un principe juridique », résumait Alain Bergounioux, historien, membre de l’Observatoire de la laïcité. « La laïcité est toujours “en relation avec”, notamment les faits religieux, comme l’ont montré les différentes interventions », a précisé Laurence Loeffel, inspectrice générale et membre de l’Observatoire de la laïcité.