Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
Début janvier, une tribune cosignée par 100 femmes défendait une « liberté d’importuner » et s’inquiétait d’« un retour du puritanisme ». Mais qui sont les « puritains » et comment la notion de puritanisme a-t-elle évolué ?
Qui sont les puritains ?
« Le mot “puritain” désigne une catégorie de protestants néo-calvinistes, anglais et hollandais, soucieux de placer toute leur existence sous les auspices de l’Écriture et rejetant les dérives de la vie mondaine. Au début du XVIIe siècle, ils sont nombreux à fuir l’Europe pour s’installer en Amérique du Nord. L’économiste et sociologue allemand Max Weber leur a consacré une analyse devenue fameuse dans son ouvrage L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905) », indique Camille Froidevaux-Metterie.
Max Weber fait la démonstration d’un lien d’« affinité élective » entre l’éthique religieuse puritaine et l’esprit du capitalisme.
« Ils valorisent la réussite professionnelle et économique, tout en s’interdisant de jouir à titre personnel des biens qu’ils ont contribué à créer. Ce paradoxe implique qu’ils réinvestissent l’argent qu’ils gagnent dans la machine productive, ce qui correspond à la logique capitaliste de l’investissement », explique Camille Froidevaux-Metterie.
Elle précise que la réussite terrestre a une importance toute particulière pour les puritains puisqu’elle est un indice que leur âme sera sauvée.
Dans la théologie calviniste, Dieu « prédestine » les femmes et les hommes, c’est-à-dire qu’il choisit s’ils seront sauvés ou damnés avant même qu’ils ne soient nés.
« Cette décision est originelle et inconnaissable. On conçoit qu’elle puisse être difficile à accepter puisqu’un chrétien peut pratiquer de la façon la plus rigoureuse et n’être tout de même pas assuré de son salut. Ceux que l’on va appeler les puritains vont réinterpréter la doctrine calviniste. Pour eux, Dieu envoie des signes de sa volonté et un chrétien qui connaît la prospérité signale qu’il a été choisi par Dieu pour être un élu. On arrive donc à cette équation puritaine : réussite économique = élection divine ».
Les puritains ont rejoint le cours moderne de la civilisation occidentale du fait même de cette valorisation de l’implication sociale et professionnelle. Dans le même temps, leur éthique religieuse leur impose une vie simple et frugale qui exclut les biens matériels extravagants. « Cette simplicité s’applique aussi à la vie personnelle qui doit être elle aussi placée sous le signe de la simplicité, de la modération et de la vertu. Comme tous les chrétiens, les puritains sacralisent le mariage auquel les relations femmes/ hommes doivent conduire, cela implique une très forte codification de ces relations ».
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