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Le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) contient les résultats d’un baromètre qui mesure notamment les opinions racistes et les préjugés racistes, antisémites et xénophobes.
Voici quelques résultats commentés par Christine Lazerges, présidente de cette institution publique.
Antisémitisme : quel état des lieux ?
Christine Lazerges : Les préjugés les plus anciens sur l’argent et le pouvoir demeurent. Ils étaient à l’œuvre dans l’assassinat de Mireille Knoll. Cette octogénaire, qui vivait pourtant dans un logement social depuis des décennies, a été choisie parce qu’elle était juive et que ses agresseurs pensaient qu’elle cachait sans doute des milliers d’euros dans son appartement.
Cela nous inquiète beaucoup à la CNCDH, de constater que ces préjugés sont encore tenaces et sont à l’œuvre dans des passages à l’acte d’une extrême violence. Ces préjugés anciens constituent encore aujourd’hui l’argumentaire principal de l’antisémitisme qui, si on ne s’en débarrasse pas, peut conduire au pire. Le préjugé ne signifie pas qu’il y aura un passage à l’acte, mais le passage à l’acte résulte d’une construction multifactorielle dans laquelle le préjugé joue un rôle. Nous notons en revanche une corrélation entre l’évolution des actes antisémites et les soubresauts du conflit israélo-palestinien. Il est par ailleurs absolument intolérable que ce conflit soit importé en France dans certains quartiers, et que des familles juives doivent retirer leurs enfants de l’école publique.
Il existe aussi des cas borderline qui s’expriment par exemple par des phrases malheureuses dans des dîners de famille. Ce genre de propos existe aussi dans des dîners bourgeois. Et on invoque souvent un « meilleur ami juif » pour se disculper quand on tient ce genre de discours. Le procédé est le même pour ceux qui n’aiment pas les Noirs mais ont un très bon ami noir, ou pour ceux qui affirment qu’il est impossible de cohabiter avec des Roms, mais qui connaissent une petite fille rom très bien et très bonne à l’école. L’idée sous-jacente, c’est qu’on doit penser le pire, mais qu’il y a quelques exceptions.
Dans le même temps, c’est un paradoxe, l’indice longitudinal de tolérance envers les juifs est très élevé, ils sont considérés comme bien insérés dans la société française. Il demeure un fond de jalousie à l’égard des juifs qui exclut plus qu’il n’inclut. Cela met les pouvoirs publics et les citoyens qui souhaitent lutter contre l’antisémitisme en grande difficulté puisqu’il est très compliqué de déconstruire des préjugés qui vont de pair avec de l’envie ou de la jalousie.
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