Le calendrier inclusif : 25 idées reçues à questionner sur la laïcité, l’égalité femmes-hommes et le handicap !
Cette structure, qui accueille chaque année entre 600 et 700 femmes originaires de 70 pays différents pour leur apprendre le français et les aider à s’intégrer dans la société française, a conduit, avec toutes ses adhérentes, une grande réflexion sur la laïcité. « Les séances m’ont rappelé l’université », indique une bénéficiaire iranienne dans un français impeccable. « Une université populaire », précise l’anthropologue Cheikh Sow qu’il qualifie d’« aventure ».
Une aventure laïque – Les six salariées de l’association sont souvent questionnées sur les faits religieux par les adhérentes – « cela ne prend jamais la forme de revendications » précise Alia Zaouali, directrice de PromoFemmes. Par exemple : est-il possible de prier ? Peut-on installer un sapin de Noël dans le local ? Ou organiser des repas en lien avec des fêtes religieuses ? Le règlement intérieur de l’association ne répondait pas à toutes les questions. Il précisait seulement que si les bénéficiaires peuvent participer aux activités en portant un signe religieux, les bénévoles qui animent les activités étaient priées de ne pas en porter. Or, les bénéficiaires sont encouragées à devenir bénévoles.
En 2014, des tensions sont apparues. L’association a alors décidé de mener une réflexion collective sur ce sujet. Elle a sollicité l’accompagnement de l’Atelier Laïcité et ses deux sociologues, Jean-Philippe Guillemet et Mehdi Hazgui.
Avec l’équipe de direction de l’association (salariées et administratrices), les sociologues ont défini une méthodologie et des moyens d’actions. Ils ont animé des conférences participatives pour informer sur ce qu’est la laïcité, quel est son fonctionnement et quelle est son histoire. En parallèle, ils ont mené une enquête pour savoir comment les femmes de l’association vivent la laïcité au quotidien. L’association a convié des personnalités à venir témoigner sur ce sujet : un principal de collège sur les repas de cantine, une infirmière sur des demandes de soin spécifique, un directeur de centre social aux prises avec des problèmes interculturels, la déléguée du préfet et un élu à la mairie sur les questions de la diversité et de la citoyenneté, chacun témoignant de son souci de faire vivre la diversité et la laïcité. Puis les sociologues ont animé des groupes pour co-rédiger la charte. Toutes les étapes de ce processus étaient traduites en plusieurs langues.
Les adhérentes ont donc toutes pu participer à la rédaction de cette charte et aux différentes étapes. « Leurs réflexions ont permis d’enrichir le texte, souligne Cécile Deniau-Smith, qui donne des cours de langue à des adhérentes. Mais toujours dans le sens d’un meilleur accueil ». Par exemple, une adhérente a expliqué qu’elle n’aurait jamais intégré l’association si elle avait été accueillie par une bénévole portant le voile. Si les adhérentes ont la liberté de porter un signe religieux, il est demandé aux personnes qui assurent l’accueil et la représentation de ne pas afficher de signes religieux, politiques et/ou philosophiques. La présidente de l’association, Anne-Marie Beauvais, résume ainsi l’état d’esprit du travail collectif mené : « respect, vigilance et raison ». Le texte de la charte a été traduit en plusieurs langues et illustré par un graphiste pour être accessible à toutes.
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