Cas unique en Europe et pratiquement dans le monde, la France ne propose pas de cours sur les religions mais les enseigne à ses élèves de façon transdisciplinaire.
Ce mois-ci, nous vous proposons une réflexion très actuelle sur la laïcité à l’école et sur l’enseignement des faits religieux. Jean-Pierre Sakoun est président du Comité laïcité République (CLR), une association qui milite en faveur de la laïcité, créée en 1989, peu après l’affaire des collégiennes voilées de Creil. Dans ce texte d’ouverture d’un colloque organisé avec Marianne sur l’enseignement des faits religieux qui s’est tenu le 24 avril 2018 à l’hôtel de ville de Paris, Jean-Pierre Sakoun propose une description nostalgique sur l’éducation laïque.
“ En séparant les Églises de l’État, en émancipant radicalement les jeunes esprits des influences dogmatiques afin de leur donner les outils critiques de leur citoyenneté, libre à eux de l’exercer sans entrave dans les limites de la loi et pour le bien public, la République s’appuyait, plus qu’aucun autre système démocratique, sur LE pilier qui assurait son avenir : l’école laïque. Et l’école laïque proposait des savoirs disciplinaires fondés sur la raison.
Son pari était que seuls les savoirs permettaient de meubler les esprits, d’équiper la pensée, et de donner les moyens à chacun de sa liberté citoyenne. Dans son respect de l’enfant, de l’élève, dans l’honnêteté de ses maîtres, il n’y avait pas de place pour la démagogie, encore moins pour le révisionnisme. Les savoirs, scientifiques, mis petit à petit à l’honneur pour produire ces ingénieurs et ces artisans qualifiés dont avait besoin la Nation, s’accordaient aux Humanités, aux sciences humaines et sociales. Histoire, latin, philosophie, Lettres tenaient un rôle d’autant plus essentiel que le patrimoine culturel de la France était immense et constituait un gisement tout trouvé pour nourrir les esprits.
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