Mohandas Gandhi, Nelson Mandela, Martin Luther King.
Le 16 mai 2020, à l’occasion de la première « Journée internationale du vivre ensemble en paix » décidée par l’Assemblée générale des Nations Unies, le Labo de la Fraternité, un collectif de 12 organisations créé après les attentats de 2015, a publié le premier « Baromètre de la fraternité ». Que mesure ce baromètre ? L’état du lien social en France. Pour ce faire, les Français ont été interrogés par OpinionWay sur leur perception de la diversité et leurs attitudes vis-à-vis des autres.
La France est un pays de diversité, pour 85% des 1 024 personnes sondées. Elles pensent d’abord aux différences d’origines ethniques et culturelles (45%), puis d’origines sociales (35%), de convictions religieuses (30 %) ou de nationalité (26%). Les questions d’orientation sexuelle, de handicap, d’âge, de sexe sont moins souvent citées. Cette diversité est vue à plus de 70% comme enrichissante pour les individus et facteur d’ouverture au monde. Mais 69% des sondés jugent aussi qu’elle crée des problèmes, des conflits ; environ 50% sont inquiets et craignent une perte de l’identité, des valeurs de la France.
Les Français disent en grande majorité côtoyer des personnes différentes d’eux. Ils sont beaucoup moins nombreux à partager des activités avec des personnes d’autres origines, générations ou opinions. Pourtant 71% jugent nécessaire d’agir ensemble au sein de la société.
L’explication tient en grande partie à la méfiance : 64% de Français estiment qu’on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres, 33% pensant au contraire qu’on peut faire confiance à la plupart des gens. Les catégories populaires sont les plus méfiantes (74%), les militants politiques ou associatifs tendent à faire davantage confiance à autrui (près de 50%). Environ 20% des sondés admettent avoir déjà critiqué, tenu à l’écart ou repoussé des personnes différentes d’eux. La religion est un facteur de rejet plus fréquent dans les catégories socio-professionnelles favorisées (27% contre 20% en moyenne).
Le collectif à l’origine du Baromètre assortit cette première enquête d’une série de propositions, comme le service civique pour tous. Il demande aussi que la fraternité devienne un critère de mesure de l’efficacité des politiques publiques et des services publics. Si une mesure accroît l’isolement et défait les liens sociaux, peut-on la dire efficace ?
Il y a du travail à faire, car les Français ont des doutes sur la mise en œuvre des valeurs de leur devise : 68% pensent que la France est un pays de liberté, 53% un pays de fraternité et 43% seulement un pays d’égalité.