Cas unique en Europe et pratiquement dans le monde, la France ne propose pas de cours sur les religions mais les enseigne à ses élèves de façon transdisciplinaire.
Sophie Mazet est l’auteure du Manuel d’autodéfense intellectuelle (Robert Laffont, 2015), ouvrage dans lequel elle explique comment elle prépare les élèves à lutter contre toutes les formes d’endoctrinement (théories du complot, fake news, rumeurs, amalgames, langue de bois, etc.) Elle explique à LaïCités comment elle aborde la laïcité avec ses élèves au cours d’ateliers.
« Pour parler de laïcité avec mes élèves, je parle de hiboux et de dinosaures » indique d’emblée Sophie Mazet, professeure d’anglais au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen et auteure du Manuel d’autodéfense intellectuelle (Robert Laffont, 2015), avec une pointe de malice. « Vous allez voir le rapport même si ce n’est pas évident de prime abord… » poursuit-elle.
Tout part d’un travail autour de la langue avec ses élèves au cours « d’ateliers d’autodéfense intellectuelle » menés hors du temps scolaire à raison d’une heure par semaine. Sophie Mazet travaille avec ses élèves sur le roman 1984 de Georges Orwell, et en particulier sur la novlangue, cette langue officielle utilisée par le régime totalitaire en place dans l’ouvrage. « Les mots peuvent servir à réduire le champ des idées. Dans la novlangue des mots comme “liberté” ont disparu, et en supprimant ce mot, on en supprime l’idée ». Elle poursuit cette réflexion sur la langue avec les travaux de Victor Klemperer, philologue juif marié à une « Aryenne » qui a tenu un journal où il repère les évolutions de la langue sous le régime nazi (Lingua Tertii Imperii, LTI). « Cette langue est d’une extrême pauvreté. La LTI contamine les idées et installe certaines conceptions sur les juifs », analyse Sophie Mazet.
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