Le calendrier inclusif : 25 idées reçues à questionner sur la laïcité, l’égalité femmes-hommes et le handicap !
Pour la sénatrice du Parti radical de gauche Françoise Laborde, qui citait l’exemple de la rumeur selon laquelle l’École allait désormais enseigner aux enfants à se masturber en cours d’éducation sexuelle et affective, le sujet est clairement d’actualité. Elle dénonçait l’avis prononcé par le Comité des droits de l’Homme de l’Onu concernant la crèche BabyLoup (voir LaïCités n°20) :
« La France n’a pas été “condamnée” par l’Onu comme cela a pu être rapporté dans la presse. L’avis émis par ce comité est non contraignant. Les journalistes ont rapporté cette décision sans prudence ».
La sénatrice juge cet avis « de nature idéologique ». Le « comité des droits de l’Homme » est composé de juges et d’universitaires chargés de veiller au respect du pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) de 1966.
La présidente de l’association EGALE, Martine Cerf, a cité d’autres exemples de ce qu’elle estime constituer une « désinformation » concernant la laïcité :
« ne rapporter que les propos des anti-laïques et ne pas inviter sur les plateaux les féministes universalistes [ex : Elisabeth Badinter] au profit des féministes intersectionnelles* [ex : Rokhaya Diallo], confondre liberté de conscience et liberté de religion, confondre laïcité et dialogue avec les cultes ou encore confondre laïcité et neutralité de l’espace public ».
Elle estime aussi que « réduire la laïcité au corpus des lois existantes, donner une définition floue de la laïcité [notamment lui accoler des adjectifs] ou encore disqualifier les laïques » contribue, selon elle, à une mauvaise information sur la laïcité. Par « anti- laïques », elle désignait des personnalités jugées favoriser « le communautarisme » ou l’expression d’une appartenance religieuse forte, parfois qualifiée d’identitaire.
“Il faut faire attention à ses propres stéréotypes”
Les différents intervenants, comme Juliette Grange, professeure de philosophie à l’université de Tours, ont souligné des « mises en cause sévères de la laïcité » depuis les années 2000 et une « définition floue de la laïcité volontairement mise en œuvre » qu’elle relie à « une stratégie de conquête des lieux de prestige » comme les centres de recherche, les facultés ou les Grandes écoles pour infléchir la laïcité dans une acception plus anglo-saxonne ou plus favorable aux religieux. L’enseignante estime que désormais « la laïcité est un idéal contesté parmi d’autres idéaux ». De son côté, Gérard Biard, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, soulignait une atmosphère de « relativisme culturel à l’anglo-saxonne » et regrettait que « critiquer l’islam soit assimilé à de l’islamophobie ». Les intervenants ont aussi estimé que les « anti-laïques » – des groupes religieux ont souvent été cités – utilisent des arguments similaires à ceux des laïques, comme la liberté de conscience. Ils ont déploré un manque de « débat de fond », d’outils législatifs et parfois de volonté politique de légiférer sur le sujet.
D’autres intervenants comme Charles Arambourou, ancien magistrat et responsable de la commission laïcité de l’UFAL (Union des familles laïques – association familiale d’éducation populaire), ont plutôt souligné des inexactitudes dommageables dans le traitement des informations liées à la laïcité. « Il faut faire attention à ses propres stéréotypes, a-t-il exhorté. Il faut savoir garder de la distance et de la raison critique ».