Régulièrement, les signes religieux font la Une des journaux et focalisent le débat public. Or la frontière entre signes profanes et religieux n’est pas toujours claire et interroge.
Dans une Europe où être croyant est de moins en moins la norme, une question se pose dans tous les pays : que faire du patrimoine religieux légué par les siècles ?
En 2018, Année européenne du patrimoine culturel, l’occasion était belle de souligner l’importance des 500.000 monuments (églises mais aussi temples, monastères, synagogues, mosquées) qui représentent plus de la moitié du patrimoine bâti en Europe. Y compris bien sûr les œuvres d’art et des objets liés aux cultes qu’ils contiennent, ainsi que le patrimoine immatériel que représentent les rites et célébrations. La FRH (Future for Religious Heritage), un réseau non-confessionnel présent dans 38 pays et basé à Bruxelles, a organisé du 11 au 13 octobre, à Paris, une conférence internationale à l’Unesco intitulée « Patrimoine religieux : l’héritage de l’Europe pour le futur », sous l’égide (côté français) du Ministère de la Culture.
Comme le résume Michael Hoare, britannique, ancien président du National Churches Trust et trésorier de la FRH, il est crucial d’impliquer la population dans la préservation des monuments religieux :
« Ils ont été construits par nos ancêtres avec leurs maigres ressources. C’est pourquoi les gens y sont si attachés même s’ils n’y vont plus pour prier. Quand on les interroge, ils disent que les églises doivent servir à des fins sociales, culturelles, solidaires. L’idée que, même désaffectées, elles soient démolies ou vendues à des fins commerciales passe très mal, et ce dans tous les pays et toutes les générations ».
Un exemple ? François Decoster, maire de Saint-Omer (Pas-de-Calais), a expliqué comment il avait consacré 14 millions d’euros à la restauration d’un patrimoine religieux exceptionnel composé d’une cathédrale gothique (qui, bizarrement, n’appartient pas à l’Etat mais à la ville), une chapelle jésuite de style baroque, d’une église du XIIIe siècle et d’une église menaçant ruine dans un quartier populaire qui a été rendue au culte. Selon l’élu, « les habitants, pratiquants ou pas, chrétiens ou pas, se sentent représentés et expriment leur satisfaction ».