Cas unique en Europe et pratiquement dans le monde, la France ne propose pas de cours sur les religions mais les enseigne à ses élèves de façon transdisciplinaire.
Deux chercheurs, Laurent Bonelli et Fabien Carrié, se sont livrés à la première enquête de terrain sur le phénomène de la radicalité djihadiste en analysant les dossiers de la centaine de mineurs signalés à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ).
Et leurs conclusions, réunies dans un ouvrage paru début septembre 2018 aux Editions du Seuil (La Fabrique de la radicalité) vont à contre-courant : l’auto-radicalisation sur Internet est un mythe, affirment-ils, et les plus déterminés ne sont pas des petits délinquants mais bien souvent d’ex-bons élèves qui ont déçu les attentes de leurs parents.
Quelle est la spécificité de votre ouvrage par rapport à l’abondante littérature déjà existante sur le sujet du djihadisme ?
Laurent Bonelli : Fabien Carrié et moi avons travaillé sur 133 dossiers de mineurs suivis par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Environ la moitié étaient inculpés pour des départs ou des tentatives de départ en Syrie ou pour leur implication dans des projets d’attentat. L’autre moitié faisait l’objet de signalements pour apologie du terrorisme dans des affaires civiles ou pénales. Nous avons complété notre enquête par une soixantaine d’entretiens avec les travailleurs sociaux qui les ont suivis.
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