Pour la première fois, les représentants des principales religions ont appelé à la prudence en matière d’évolution législative sur la fin de vie.
Le 9 avril 2019 ont été déposés à la préfecture de Paris les statuts de l’Association musulmane pour l’islam de France (Amif), portée par Hakim El Karoui, l’auteur d’un rapport remarqué en 2016 pour l’Institut Montaigne intitulé « Un islam français est possible ».
L’Amif a deux composantes : une association culturelle de type loi 1901, et une association cultuelle de type 1905.
L’association culturelle a pour objet la régulation économique des marchés français du halal et du pèlerinage à la Mecque (hajj), ainsi que la lutte contre la radicalisation, la xénophobie, le racisme, en particulier antimusulman, l’antisémitisme.
L’association cultuelle a pour objet la construction, l’aménagement, l’équipement, et la rénovation de mosquées et de salles de prière ; la formation des cadres religieux et des responsables d’associations cultuelles ; la rémunération et les charges de formation du personnel religieux ; l’apport d’un appui juridique, technique et à la maîtrise d’ouvrage aux associations porteuses d’un projet de construction ou de rénovation de lieux de culte.
Il ne faut pas confondre cette nouvelle structure avec la Fondation de l’Islam de France, créée à la suite des attentats de novembre 2015. Présidée d’abord par Jean-Pierre Chevènement et depuis 2018 par Ghaleb Bencheikh, elle a pour but de combattre, « par la connaissance et la culture, l’idéologie salafiste, réductrice et manichéenne, qui nourrit le terrorisme djihadiste », indique son site internet.
L’Amif 1901, le versant culturel, sera présidée par le laïc Hakim El Karoui, et l’Amif 1905, le versant cultuel, par le recteur de la mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, secondé par l’imam de la mosquée d’Ivry-sur-Seine Mohamed Bajrafil. Ces trois personnalités veulent incarner un islam paisible et bien intégré dans la République. Souvent présents dans les médias, reconnus par une grande partie des milieux politiques mais aussi chez les classes moyennes musulmanes. Ils se font forts d’améliorer l’image de l’islam en France et sa gestion, dans l’intérêt des fidèles.
Il n’empêche, leur initiative s’oppose de front aux intérêts du Conseil français du culte musulman (CFCM), fondé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur chargé des cultes, et longtemps seul interlocuteur des pouvoirs publics. Le CFCM, appuyé sur les principaux pays d’origine des musulmans français (Algérie, Maroc, Turquie) et élu par un réseau de mosquées, a toujours eu un problème de représentativité. Il est en outre en proie à des tensions internes.
En prétendant réguler et rendre plus transparents les flux financiers issus des activités économiques liées à la pratique de l’islam, comme le marché du halal et l’organisation du hajj, la nouvelle structure a de grandes ambitions. Reste à savoir si elle aura les moyens qui vont avec.
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