Régulièrement, les signes religieux font la Une des journaux et focalisent le débat public. Or la frontière entre signes profanes et religieux n’est pas toujours claire et interroge.
Qui gère quoi, et pourquoi ? Après le terrible incendie qui a touché la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019, nous vous proposons les éclairages et les analyses de Maxime Cumunel, secrétaire général de l’Observatoire du patrimoine religieux.
L’État est propriétaire de nombreuses cathédrales en France (87 sur 154). Pourquoi ?
Maxime Cumunel : Parce qu’en 1906, au moment où la loi de 1905 doit s’appliquer, le pape la refuse. Il interdit aux catholiques de se constituer en associations – structure juridique chargée de s’occuper des lieux de cultes dans la nouvelle loi.
En 1907, le gouvernement vote une deuxième loi pour que les catholiques restent dans la légalité : même s’il n’existe pas d’association gestionnaire, l’État met à disposition gratuitement les lieux de cultes dont il est devenu propriétaire. Les églises sont à la charge des communes, les cathédrales à celle de l’État (les départements refusent de les prendre en charge).
C’est le paradoxe de la loi. Comme la loi de 1905 garantit la liberté de conscience et le fait de pratiquer librement un culte, l’État, propriétaire des cathédrales, se doit d’entretenir les bâtiments pour permettre aux fidèles d’exercer ces libertés.
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