Le calendrier inclusif : 25 idées reçues à questionner sur la laïcité, l’égalité femmes-hommes et le handicap !
11 avril 2019
Éclairages de Philippe Portier, politologue, vice-président de l’École pratique des hautes études (EPHE) et d’Anne-Laure Zwilling, sociologue, responsable du projet EUREL qui fournit des données juridiques et sociologiques sur les religions en Europe.
Quels modèles ?
Ils sont très divers soulignent tous deux Anne-Laure Zwilling, sociologue, et Philippe Portier, politologue, vice-président de l’Ephe.
Dans la construction historique des laïcités en Europe, Philippe Portier distingue deux moments. La « première modernité », jusqu’aux années 1960, période où « les États se construisent dans leurs propres singularités avec des frontières et la construction de régimes de régulation des cultes à l’intérieur de ces frontières ». Les États deviennent souverains, leurs normes sont désormais premières par rapport aux religions. Ce premier mouvement a lieu dans des pays où les croyances sont assez homogènes.
À partir des années 1970 débute une « deuxième modernité » « fondée sur la cosmopolitisation et le pluralisme qui, sans abolir les structures juridiques du passé, induit une certaine convergence des régimes d’organisation des cultes ». Philippe Portier explique que désormais, les États considèrent que les religions, dans leur pluralité, peuvent avoir une valeur positive et participer à la construction du vivre-ensemble. D’où le fait que les gouvernements travaillent avec les cultes à des degrés divers.
Aujourd’hui, Philippe Portier décrit deux grandes « polarités » institutionnelles pour mieux comprendre les régimes de laïcité en Europe. D’un côté, un modèle « confessionnel » très présent au Nord, dans les pays majoritairement protestants comme le Danemark ou l’Angleterre et dans les pays orthodoxes au Sud-Est, notamment la Grèce. Les États y donnent des prérogatives à des cultes dominants ou à des religions d’État. Ils peuvent lever des impôts pour les Églises et salarier les ministres des cultes reconnus. De l’autre côté, au Sud de l’Europe, un modèle « séparatiste » fondé sur la non-reconnaissance des cultes comme en France (1905), en Espagne (1931) ou au Portugal (1911). Il existe aussi des modèles « mixtes » comme en Allemagne, où l’État lève l’impôt ecclésial, ou en Belgique où six cultes sont reconnus. Dans tous les cas, Philippe Portier souligne des « recompositions du système originel. Se fait jour un modèle “grisé” articulant séparation et reconnaissance ».
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