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Cinq ans après les attentats contre Charlie Hebdo, quel est l’état des lieux de la liberté d’expression en France et en Europe ? Analyse d’Emmanuel Pierrat, avocat spécialiste du droit de la propriété intellectuelle et de la presse, conservateur du Musée du barreau de Paris.


Dans le numéro spécial de Charlie Hebdo du 5 janvier 2019, le dessinateur Riss signait un édito intitulé « Vous êtes toujours là ? ». Dans ce texte, le directeur de la rédaction déplore une certaine lassitude des combats menés par Charlie Hebdo, que « tout soit devenu blasphématoire ».

Pour Gérard Biard, rédacteur en chef de l’hebdomadaire satirique, 4 ans plus tard « les choses sont redevenues ce qu’elles étaient avant ». Il a déploré les menaces proférées à l’encontre de Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste de Charlie, pour avoir déclaré fin décembre sur CNews : « Il faut que l’islam se soumette à la critique, qu’il se soumette à l’humour, qu’il se soumette aux lois de la République, qu’il se soumette au droit français ».


Est-on (encore) libre de « blasphémer » ?

« Sur le terrain du droit et de la République, oui. Sur le terrain de la sécurité, de la vie, de la survie, on prend des risques immenses », indique Emmanuel Pierrat, avocat spécialiste du droit de la propriété intellectuelle et de la presse, auteur de Nouvelles morales, nouvelles censures (Gallimard, 2018) et du Grand livre de la censure (Plon, 2018).

L’avocat indique qu’après l’attentat du 7 janvier contre la rédaction de l’hebdomadaire satirique, des expositions et des évènements ont été reportés ou annulés. Fin janvier 2015, une œuvre de l’artiste Zoulikha Bouabdellah, qui représentait des escarpins sur des tapis de prière, a été retirée d’une exposition à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Le festival du dessin de presse à Caen, prévu en avril 2015 avait été repoussé pour des questions de sécurité.

« On s’est mis à faire attention à tout, de peur d’avoir des ennuis qui vont au-delà des risques pris par l’artiste ou l’organisateur et qui touchent aussi les personnes qui travaillent dans le lieu, les familles, etc. On en arrive à de l’autocensure sur les questions religieuses », analyse Emmanuel Pierrat.

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