Régulièrement, les signes religieux font la Une des journaux et focalisent le débat public. Or la frontière entre signes profanes et religieux n’est pas toujours claire et interroge.
Le 23 novembre 2018, le tribunal de Lyon a validé une série d’installations dans le hall d’entrée de l’hôtel de région Auvergne-Rhône-Alpes présidée par l’élu Les Républicains Laurent Wauquiez.
L’année d’avant, le tribunal avait rendu une décision contraire. Une seule crèche avait été installée. Devant le juge, l’élu affirmait qu’elle n’avait rien de religieux, mais qu’elle était là pour valoriser le savoir-faire des santonniers de la région. Le tribunal avait jugé que l’argument était faible et que cela ne suffisait pas.
L’année suivante, l’élu a donc fait installer une série de crèches présentant chacune un savoir-faire de santonnier et des ateliers pour enfants ont été organisés.
Cette fois, l’installation a été considérée comme culturelle.
Que dit la loi ?
L’article 28 de la loi de 1905 interdit d’apposer des signes ou emblèmes religieux dans les bâtiments publics, sauf expositions ou manifestations culturelles.
L’ambiguïté des crèches de Noël est là : lesquelles sont culturelles, lesquelles sont religieuses ?
Après deux décisions de justice en 2015, le Conseil d’État a rendu en 2016 un avis pour détailler cette différence : tout dépend de l’évènement, du discours tenu autour, du contexte et des traditions locales.
En clair, les crèches ne doivent pas être montrer une préférence pour les chrétiens. Si elles ont une fonction décorative, qu’elles sont considérées comme un folklore local (santons), ou qu’elles font partie d’une série d’évènements (arbre de Noël, marché de Noël, marché des santionniers), elles peuvent être considérées comme culturelles.
Un contournement de la loi ?
Certains élus et militants laïques estiment que Laurent Wauquiez contourne la loi en présentant la crèche comme une manifestation culturelle. Le président de la région Auvergne- Rhône-Alpes assume sa foi catholique et défend régulièrement « les racines judéo-chrétiennes de la France et de l’Europe ». En juin dernier par exemple, il regrettait qu’il n’y ait pas plus de symboles religieux sur les billets d’euros.