Régulièrement, les signes religieux font la Une des journaux et focalisent le débat public. Or la frontière entre signes profanes et religieux n’est pas toujours claire et interroge.
Ces images d’une manifestation à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ont été très largement relayées en novembre 2017.
Que s’est-il passé ?
Ces élus, pour la plupart de droite et parmi lesquels la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse (Les républicains), estiment que les rassemblements de ces fidèles sont illégaux et constituent un trouble à l’ordre public. Ils appellent le ministère de l’Intérieur à les faire cesser. De leur côté, les musulmans affirment qu’ils n’ont plus de local adapté depuis que la mairie a préempté la salle de prière qu’ils louaient et souhaitaient acquérir. Ils ont d’ailleurs commencé à prier dehors en mars 2017, lorsque la municipalité les en a expulsés pour transformer le lieu en médiathèque. Le maire Les républicains, Rémi Muzeau, estime que les croyants expulsés de ce local pourraient se rendre dans une salle de prière gérée par une autre association musulmane clichoise, située à quelques kilomètres de là. « C’est un bâtiment administratif trop petit et inadapté » répondent-ils.
Après la diffusion des images des élus face aux fidèles, le site communautaire Al-Kanz, média engagé sur des questions comme la consommation ou le halal, a diffusé une vidéo de l’actuel maire Rémi Muzeau, qui promettait aux musulmans de Clichy la construction d’une nouvelle mosquée lorsqu’il était candidat aux élections municipales de 2014.
Que disent les lois ?
Les « prières de rue » ne sont pas illégales si elles sont déclarées à la préfecture et qu’elles ne troublent pas l’ordre public. C’est ainsi que des processions peuvent avoir lieu, comme celle de l’Assomption à Paris, tous les 15 août, où une statue de la Vierge Marie est portée depuis Notre-Dame de Paris jusqu’à un bateau qui la transporte sur la Seine.
Les maires disposent d’un pouvoir de police administrative et peuvent agir pour interdire les manifestations qui troublent l’ordre public.
À Clichy, les croyants ont d’abord prié devant leur ancien local avant de se déplacer vers une rue piétonne pour ne pas déranger la circulation. Ils affirment que tout se passait dans le calme. Jeudi 16 novembre 2017, après la manifestation des élus, le préfet des Hauts- de-Seine a estimé que ces prières « constituent un trouble manifeste à l’ordre public » et a décidé de les interdire. L’association musulmane affirme qu’elle respectera cette décision et continuera le dialogue avec les autorités pour construire un nouveau lieu de culte.