Pour la première fois, les représentants des principales religions ont appelé à la prudence en matière d’évolution législative sur la fin de vie.
1 – » Il y a de plus en plus de groupes minoritaires religieux en France »
Il est clair que certains groupes religieux étaient quasiment absents du paysage religieux français il y a un siècle. Notamment les bouddhistes, qui seraient entre 600 000 et un million selon les sources, les hindous, environ 170 000, et les sikhs, estimés à 30 000. Concernant les musulmans, un recensement de 1906 indiquait que 10% de la population française (soit 3,9 millions de personnes à l’époque) était de confession musulmane, mais il incluait les habitants de l’Algérie, dont l’indépendance a été prononcée en 1962. Aujourd’hui, les estimations oscillent entre 2,1 et 5 millions de fidèles.
Un sondage d’Ipsos pour la Fondation du judaïsme français*, paru en novembre 2016, indiquait que les personnes interrogées surestiment le nombre de croyants, qu’ils soient catholiques, protestants, musulmans ou juifs. 56% des sondés pensent que les juifs représentent plus de 10% de la population française alors que cette proportion tourne autour d’1% selon différentes estimations. 45% pensent que plus de 20% de la population est de confession musulmane, soit environ 12 millions de fidèles, loin de l’estimation haute de 5 millions (soit environ 8% de la population française). Enfin, 42% des répondants imaginent que la population compte plus de 10% de protestants alors qu’ils représenteraient moins de 5%, selon différentes enquêtes.
Il ne faudrait pas non plus sous-estimer la variété des courants internes à chacune des confessions. Y compris dans le catholicisme où l’éventail de courants est large depuis les ultra-conservateurs de la Fraternité Saint-Pie X, excommuniés en 1988 puis réintégrés en 2009 par le pape Benoît XVI, jusqu’aux « cathos de gauche ». *Sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1005 personnes du 4 au 14 novembre 2016.
2 – “La France est un pays profondément athée”
L’Hexagone a la réputation d’être un pays très athée, notamment à l’étranger. Une enquête Win/Gallup de 2012 faisait figurer la France parmi les cinq pays les plus athées au monde, derrière la Chine, le Japon et la République Tchèque. Les quelque 50 000 interrogés de 57 pays devaient dire s’ils se considéraient comme « religieux », « non religieux », ou « athée convaincu ». Un tiers des Français s’identifiaient comme « non religieux », un autre tiers comme « athée convaincu ». Ces résultats méritent sans doute d’être un peu tempérés. L’incroyance est un phénomène complexe dont la palette de nuances est vraiment très large depuis la tranquille indifférence jusqu’à l’athéisme militant, en passant par l’agnosticisme. Pour le sociologue Pierre Bréchon, professeur à l’Institut d’études politiques de Grenoble, la France compte en fait probablement plus d’indifférents que d’athées.
Si les incroyants sont de plus en plus nombreux, il ne faudrait pas en déduire que la laïcité française est une forme d’athéisme d’État. La laïcité garantit à chacun de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou non un culte, le tout dans les limites de l’ordre public.
3 – “La loi de 1905 s’applique partout”
La loi de séparation des Églises et de l’État, adoptée le 9 décembre 1905, ne s’applique pas sur l’ensemble du territoire. Notamment l’Alsace-Moselle, qui dispose d’un statut particulier hérité du régime du Concordat de 1801. Mais aussi certains départements d’Outre-Mer, plus précisément Mayotte, la Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Ces départements appliquant les décrets-lois dits « Mandel » de 1939, qui permettent aux cultes de gérer leurs biens et de bénéficier de certains avantages fiscaux. La Guyane française est un cas encore plus particulier puisqu’elle applique toujours l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828. Ce texte de loi très ancien permet à l’État de rémunérer les prêtres catholiques, et uniquement ceux de cette religion. Le Conseil général a pourtant décidé de ne plus procéder au paiement des salaires des religieux catholiques en 2014, avant d’y être contraint par la justice. Il estimait que la collectivité n’avait plus les moyens d’assurer cette rétribution.